Les ventes d’armes de la France vont elles faire exploser la coalition dans la guerre au Yémen ?

La prise récente du palais présidentiel d’Aden samedi 10 août par le Conseil transitionnel du sud (CTS), marque la fin de l’illusion d’une quelconque légitimité du Président Hadi. Celle-ci était déjà contestée depuis 2014 par les forces Houthis, elle l’est également maintenant ouvertement par les forces séparatistes du sud. Celles-ci sont soutenues par les Emirats arabes unis qui codirigent pourtant avec l’Arabie saoudite la coalition défendant ce même gouvernement Hadi dans cette guerre. Le bombardement de la ville d’Aden par l’Arabie saoudite, faisant plus de 40 morts et 260 blessés, fait craindre un affrontement direct entre ces deux pays sur le territoire yéménite, ce qui qualifierait juridiquement le conflit de conflit international. 

La coordinatrice humanitaire des Nations Uniesau Yémen Lise Grande a de nouveau appelé : « toutes les parties au conflit à s’acquitter des obligations qui leur incombent en vertu du droit international humanitaire[1] ». La Croix Rouge internationale a suspendu ses opérations à Aden, dénonçant les arrestations arbitraires et les déplacements forcés de populations civiles[2].

Le gouvernement  français soutient l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis dans cette guerre auxquels elle a livré depuis le début du conflit en 2015 respectivement pour 4,76 et 1,15 milliard € d’armes[3]. Ces armes ont été utilisées dans la guerre du Yémen où la coalition dirigée par ces deux pays est responsable de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité. 

Action Sécurité Ethique Républicaines (ASER) s’interroge une fois de plus sur le respect du droit international par le gouvernement français et la cohérence de sa politique d’exportation d’armes dans la région. 

Pour rappel : ASER avait saisi le tribunal administratif de Paris en 2018 pour violation de l’article 6 du traité sur le commerce des armes (TCA) des Nations Unies et va faire appel de la décision de ce tribunal qui conteste l’application en droit direct du TCA.

Selon une projection du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) 230 000 personnes, dont 140 000 enfants de moins de 5 ans, seront mortes entre 2015 et 2019si le conflit garde cette même intensité. 


[1]https://reliefweb.int/report/yemen/scores-civilians-killed-and-wounded-fighting-aden-enar

[2]https://reliefweb.int/report/yemen/irc-programs-suspended-aden-due-new-violent-clashes

[3]Annexe 9 rapport exportation d’armes de la France au Parlement : https://aser-asso.org/wp-content/uploads/2019/06/Rapport-au-Parlement-2019-sur-les-exportations-darmement-de-la-France-Ministere-de-la-defense-juin-2019.pdf

Pour d’autres articles sur ces questions, consulter le blog: Armer Désarmer

ASER est membre du Réseau d’Action International sur les Armes Légères (RAIAL).

ASER est accréditée aux Nations Unies.

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